Introduction de l’Acte 4

Acte 4 est une étude qualitative réalisée par l’UCL.    

Les arts de la scène au prisme du genre et de la diversité

“A partir d’une méthode de recherche qualitative et compréhensive consistant à récolter et à analyser des récits de vie, l’enjeu de ce volet est de mettre en lumière les processus de disqualification vécus, mais aussi les modalités de résistance à partir du point de vue, des expériences et des connaissances des principales concernées. Les résultats finaux seront valorisé via la rédaction d’un article scientifique.”

Jacinthe Mazzocchetti

Dans le cadre de l’étude portée par l’ASBL La Deuxième Scène ayant pour objet de dresser un état des lieux des inégalités de droits et de pratiques entre les hommes et les femmes dans le domaine des Arts de la scène (théâtre, danse, cirque) en Communauté Française Wallonie Bruxelles, ce volet spécifique adressera cette question selon trois perspectives singulières :

En complément du volet quantitatif (de septembre 2019 à avril 2020 en collaboration avec l’ULiège, MSH, CERTES) qui adressait toutes les fonctions (artistiques, administratives et techniques) et les postes confondus (postes de responsabilité, les instances de décisions et de gestions, les structures de formations, la répartition des subventions, bourses et prix par sexes et l’emploi) sous l’angle du genre ; ce deuxième volet, qualitatif et centré sur les enjeux relatifs à la diversité, adoptera une approche intersectionnelle. Comme énoncé par Crenshaw (2005 : 54), « du fait de leur identité intersectionnelle en tant que femmes et personnes de couleur, ces dernières ne peuvent généralement que constater la marginalisation de leurs intérêts et de leurs expériences dans les discours forgés pour répondre à l’une ou l’autre de ces dimensions (celle du genre et celle de la race) », d’où l’importance d’un cadre analytique qui tient en compte l’ensemble des ressorts discriminatoires ainsi que la manière dont ils se croisent et s’additionnent de façon spécifique.

En écho aux stratifications sociétales, aux discriminations structurelles et aux représentations stéréotypées, les parcours des femmes artistes s’ébauchent en effet à la jonction de multiples rapports sociaux de domination, notamment de genre, de classe, d’âge et de « race ». Elles combinent dans leur trajectoire, expériences de disqualification sociale et luttes pour se frayer une place dans le milieu des arts de la scène. La notion de catégories « raciales » n’a ici aucune connotation biologique, elle invite à penser les processus de « racialisation » et vient marquer les différenciations opérées dans le champ du social suite à l’appréhension de l’autre via son phénotype1, aux stéréotypes qui en découlent et aux discriminations structurelles afférentes.

Si, au travers notamment, du collectif « Décolonisons les arts », de publications et de recherches récentes et/ou en cours, les questions relatives à la diversité et aux discriminations structurelles font aujourd’hui l’objet de considérations académiques et politiques, elles restent, de manière générale et singulièrement en Belgique, largement sous-explorées. A partir d’une méthode de recherche qualitative et compréhensive consistant à récolter et à analyser des récits de vie, l’enjeu de ce volet est de mettre en lumière les processus de disqualification vécus, mais aussi les modalités de résistance à partir du point de vue, des expériences et des connaissances des principales concernées. Les résultats finaux seront valorisé via la rédaction d’un article scientifique et l’édition d’un ouvrage.

1. Ensemble des caractères apparents d’un individu opposé au génotype (couleur de peau, texture des cheveux,…)